Depuis les années 2000, les foyers français ont investi en masse dans les machines à café en capsules. Passé l’enthousiasme d’une vraie innovation, beaucoup prennent conscience des limites de ce marché : coût des capsules, conséquences écologiques et faible qualité du café. Quelles sont alors les alternatives les plus adaptées pour continuer à boire de l’espresso à la maison ?
Un marché de la capsule qui vacille
Après une croissance impressionnante pendant près de deux décennies, le marché de la capsule s’essouffle et commence à amorcer une descente qui risque d’être aussi spectaculaire que sa montée. Il faut dire que la publicité négative est de plus en plus relayée par les médias. A commencer par les questions écologiques, car les problèmes liés aux volumes de déchets des capsules ne sont pas passés inaperçus, quelle que soit la marque, nespresso, tassimo, malongo ou autres (nombreuses sont les marques s’étant engouffrées dans ce marché). Pour répondre à ces critiques, plusieurs marques, et en particulier nespresso, se sont lancées à grand renfort de marketing sur la voie du 100 % recyclable. Malheureusement, ceci a largement été démenti dans les faits et a valu à ces marques de nombreuses accusations de publicités trompeuses par diverses associations (seule 1 capsule recyclable sur 5 est recyclée). La seconde attaque qui vient percuter le succès de la capsule est son coût. Comme pour d’autres marchés, celui de l’imprimante par exemple, les industriels ont appliqué une technique bien rodée qui consiste à proposer des machines à prix faible pour capter une clientèle qui lui assurera des revenus importants en recharges. Ils ont ainsi réussi à vendre des cafés standards à des prix dignes des plus grands crus (pour une capsule coûtant 40 centimes et contenant 5g de café, le prix au kg est de 80€/kg). Sur la durée, les utilisateurs se sont vite rendus compte du gonflement de leur budget café.
Depuis quelques années, des capsules réutilisables permettent de choisir véritablement son café sans créer trop de déchets. Néanmoins, il y a quelques bémols. Ces capsules réutilisables ne sont presque jamais créées par les marques elles même dont l’objectif n°1 est de vous vendre des recharges, et la compatibilité n’est donc jamais totalement assurée. L’autre bémol concerne la mouture de votre café car d’une machine à une autre les exigences ne sont pas les mêmes et il faut souvent tâtonner avant de trouver la bonne (en magasin, nous sommes souvent confrontés à ce problème). Enfin, si l’on doit remplir minutieusement la capsule avant chaque préparation, quel est l’intérêt de la machine à capsule ?
Dans les faits, seule 1 capsule recyclable sur 5 est recyclée
Le robot ou la machine à grains
En 2021, le marché des machines à grains ou robots a littéralement explosé, les ventes, toutes marques confondues, ont doublé par rapport à 2020. Si le covid n’est probablement pas totalement étranger à ces chiffres, reste que la part de vente des machines à grains a très largement augmenté par rapport aux machines à capsules. Pas étonnant que le leader de ce marché, Delonghi, ait fait de Brad Pit son porte drapeau tentant ainsi de surpasser Georges Clooney. Il existe de nombreuses marques de robots, avec des designs et des rendus cafés très différents. Dans cet article l’enjeu n’est pas de les comparer, cela pourra faire l’objet d’un article complet. Ces machines ont en commun de rassembler sous un même toit bac à eau, trémie (bac à grains), bac à marc, moulin et système de percolation.
« Il suffit d’appuyer sur un bouton pour obtenir un espresso, il y a encore moins de manipulation que pour une machine à capsule »
On appuie sur un bouton et tout se met en branle pour la préparation de votre espresso, il y a encore moins de manipulation que pour une machine à capsule. La fraicheur en plus ! Car, à mes yeux le point fort de ces machines est de moudre le café au dernier moment (rappelons qu’une heure après avoir été moulu, le café a déjà perdu près de 30 % de ses caractéristiques aromatiques). On a donc réuni la facilité d’utilisation avec la qualité de la tasse. Le seul hic, et il est de taille, est le prix de ces machines, car même si on peut trouver tous les prix sur le marché, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester de robot convenable à moins de 500 €. Mais à l’inverse des machines à capsules, c’est sur la durée que vous ferez des économies. Aussi, je vous conseille de faire vos propres calculs en fonction du nombre de tasses que vous consommez par jour (sachant que sur un robot pour un café à 24€/kg, la tasse vous revient autour de 20 centimes/tasse) et vous verrez que dans la plupart des cas votre machine sera amortie en moins de deux ans.
Les robots les plus performants proposent des boissons lactées
La machine espresso traditionnelle
L’autre alternative est la machine espresso traditionnelle, c’est à dire, la machine avec porte filtre et percolateur. A première vue cette solution pourrait paraître la plus simple et la moins coûteuse. Mais cela n’est pas mon point de vue. Car pour faire de l’espresso dans les règles de l’art, il vous faudra cuisiner et investir. Tout dépend de votre niveau d’exigence, mais si vous souhaitez approcher l’espresso du bar du coin (en supposant que vous ayez un bar digne de ce nom dans votre voisinage), il vous faudra éviter le café déjà moulu et investir dans un bon moulin (c’est à dire permettant une mouture fine et homogène).
« Réaliser un espresso dans les règles de l’art nécessite de l’investissement dans du bon matériel et surtout de l’investissement personnel »
La machine espresso est à mes yeux presque secondaire, puisque c’est principalement la qualité de la mouture qui donnera à votre café du corps et un beau créma. Il faudra donc trouver la bonne granulométrie, les bons ratios de quantité et tasser convenablement votre galette de café pour un espresso réussi. Je vous l’ai dit, c’est de la cuisine ! Mais en récompense, vous obtiendrez, en respectant tous ces éléments, un espresso avec bien plus de corps et d’intensité que vous ne pourriez avoir avec un robot. Je me doute que tout le monde n’est pas aussi puriste que nous et il existe des options plus simples qui restent qualitatives. Certaines machines espresso sont équipées de filtres pressurisés qui permettent d’obtenir une tasse très correcte avec un beau créma malgré les défauts de tassage et de mouture, c’est le cas de la dedica de Delonghi. D’autres marques, comme Sage, associent moulin et espresso traditionnel dans une même machine facilitant les réglages de mouture.
Mais alors que faire ?
Pour résumer, si vous souhaitez abandonner votre vieille machine à capsule, vous avez donc deux solutions, en partant évidemment du principe que vous souhaitez rester sur l’espresso (si ce n’est pas le cas, je vous suggère d’aller voir du côté des méthodes douces). Je vous annonce déjà que quelle que soit la décision que vous allez prendre, vous allez monter en qualité par rapport aux capsules. Si vous appréciez principalement le côté pratique de la capsule, je pense que le robot est fait pour vous car rien ne sera plus simple que d’appuyer sur un bouton pour obtenir un espresso tout frais. Si, le résultat en tasse est le critère numéro 1 et que vous aimez le corps et la puissance, je vous suggérerai d’aller voir du côté de l’espresso traditionnel à condition d’être prêt à vous impliquer dans cet univers passionnant.
« Une heure après avoir été moulu, le café a déjà perdu près de 30 % de ses caractéristiques aromatiques »