On entend beaucoup de discours sur les bienfaits ou au contraire les méfaits que le café aurait sur la santé. Bien que je ne me sois jamais considéré comme membre du personnel soignant, en tant que torréfacteur et grand consommateur de café, j’ai souhaité confronter les lieux communs à la réalité scientifique.
Que dit la science sur le café ?
Si la caféine est le plus reconnu, il existe plus de 100 composants biologiques actifs dans le café. On comprend alors aisément la difficulté d’associer tels effets à tels composants. Parmi les composants dont les effets sont les plus connus, nous pouvons citer la caféine, les polyphénols (réputés pour leur pouvoir antioxydants), les vitamines B2 et B3 (impliquées dans la production d’énergie), le potassium (pour la pression sanguine), le magnésium (pour ses vertus cardio-vasculaires)… La liste est longue mais il ne faut pas en surestimer la valeur car, comme vous le savez, tout est question de proportion et d’équilibre.
La caféine, le neuro stimulant le plus célèbre
Si vous interrogez un buveur de café, il vous répondra souvent que la première chose qu’il recherche dans sa boisson est l’effet de la caféine (et vu la quantité de mauvais café en circulation on peut comprendre ce point de vue). La caféine rend de grands services : elle nous maintient éveiller au volant, accélère le réveil du matin, stimule notre mémoire, augmente la concentration et dans certains cas, aide même à lutter contre les maux de tête, une molécule magique en somme… A condition évidemment d’appliquer la sacrosainte règle de la modération. Au-delà d’une certaine dose, les effets positifs se transforment en négatifs pouvant perturber le sommeil et provoquer anxiété et irritation. De nombreuses études ont été menées entre 2001 et 2015 pour quantifier l’apport quotidien de caféine à ne pas dépasser pour se prémunir des effets indésirables. Elles semblent s’accorder sur 400 mg ce qui correspond environ à 4 tasses par jours (un espresso contient environ 70 mg de caféine). Ces études établissent également que le temps de diffusion de la caféine dans le corps est environ 6h et déconseillent donc d’absorber la caféine après 15h pour se prémunir de nuits agitées. Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de références générales et que nous ne sommes pas tous égaux vis à vis de la caféine. La sensibilité à la caféine évolue selon les individus (à éviter pour les femmes enceintes) et selon l’âge (j’ai pu constater qu’après plus de 10 ans de cafés du soir, la règle des 15h s’était finalement imposée à moi).
Le café est-il bon ou mauvais pour le cœur ?
Lorsque l’on consomme un café, on a une très légère augmentation de la tension artérielle mais qui n’est pas plus élevée que celle que l’on aurait dans le cadre d’une conversation courante. La question qui intéresse les scientifiques est le risque d’infarctus sur le long terme. Et sur cette question, les résultats d’études sont à la fois complexes et controversés. Car nous ne sommes pas tous égaux et une étude canadienne de 2006 tendait à montrer qu’il existe deux catégories de personnes, les « éliminateurs lents » de caféine pour qui il existerait un risque d’infarctus accru avec la consommation de café et, au contraire, les « éliminateurs rapides » pour qui la consommation de café diminuerait les risques d’infarctus. Nous ne pouvons pas deviner l'état de notre métabolisme, aussi reste la recommandation d’usage : « à consommer avec modération ». Dans tous les cas, si la caféine peut représenter un risque pour certaines personnes dans le cas d’une consommation excessive, reste que celui-ci est bien moins important que les autres facteurs de risque comme le cholestérol, l'hypertension ou le tabagisme.
Le café augmente-il l’espérance de vie ?
C’est la grande question du moment, en particulier depuis l’étude publiée en septembre 2022 et menée auprès d’un panel de 450 000 Britanniques. Elle conclut que la consommation de 2 à 3 tasses de café par jour diminue significativement les accidents cardiovasculaires. Elle confirme ainsi une autre grande enquête publiée en juillet 2017 analysant les données de 520 000 hommes et femmes de plus de 35 ans pendant 16 ans, et concluant également une meilleure espérance de vie pour les buveurs de café. Cette étude met en avant une baisse des maladies circulatoires et du système digestif. Si ces deux études majeures ne mettent pas tout à fait en avant les mêmes effets, elles ont le mérite de nous conforter dans notre amour du café en nous promettant une vie longue. Il est à noter que les chercheurs et auteurs de ces enquêtes pointent moins le rôle de la caféine que celui des antioxydants présents également dans les cafés décaféinés.
La caféine aurait également, selon d’autres études, des effets bénéfiques sur l’espérance de vie. En stimulant le système nerveux central, la caféine apporterait une protection contre diverses dégénérescences comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et la sclérose en plaques. Concernant Parkinson, les médecins ont d’ailleurs constaté que la consommation de café estompait les symptômes, en diminuant tremblements et rigidité musculaire.
Le café fait-il maigrir ?
Grâce à ses niveaux élevés d’antioxydants et de nutriments bénéfiques, le café est considéré comme une boisson plutôt saine. Très peu calorique, vous ne grossirez pas en buvant du café, à condition évidemment de n’ajouter ni sucre, lait ou crème. Si on peut donc affirmer avec certitude que le café ne fait pas grossir, il est moins évident de lui attribuer le pouvoir de faire maigrir. On retrouve souvent de la caféine dans des pilules pour maigrir, elle favoriserait le métabolisme. Si le marketing est bien rodé, les études scientifiques sont moins claires, parfois contradictoires. En effet, il ressort que la caféine peut renforcer la combustion des réserves de graisse mais à condition d’être associée à des efforts physiques. Une étude publiée en janvier 2021 dans la revue scientifique Journal of the International Society of Sports Nutrition, révèle que le fait de boire un café fort 30 minutes avant l'exercice augmente la combustion des graisses.
L’autre molécule qui aurait un effet bénéfique dans le cadre d’un régime alimentaire est l’acide chlorogénique contenu dans le café. Cet antioxydant joue un rôle de maintien de la glycémie dans le corps (c’est à dire le taux de sucre dans le sang) et aide donc à contrôler l’appétit. Pendant la torréfaction du café vert, la quantité d’acide chlorogénique diminue. C’est une chose que j’ai découvert il y a une dizaine d’années lorsqu’à la suite d’un article dans Marie Claire vantant les bienfaits du café vert pour maigrir, est apparu en magasin un engouement surprenant pour le café non torréfié.
En résumé, il semble ressortir des multiples études davantage d’éléments positifs que négatifs pour la santé. Une consommation régulière et modérée (maximum 4 tasses par jour) permettrait grâce à ses nombreux antioxydants de se prémunir contre certaines maladies cardio-vasculaires, digestives ou circulatoires. La caféine apporterait une protection contre les maladies de Parkinson, Alzheimer et la sclérose en plaques. Loin de moi l’idée de considérer le café comme un médicament. Mon intention est davantage de conforter mon amour pour la boisson. Pour ceux qui ne partage pas ma passion, sachez que la caféine est naturellement présente dans plus de 60 plantes dont le thé (la théine et la caféine sont une seule et même molécule), le kola, le guarana, le maté… Si le café est une des boissons les plus riches en proportion d’anti oxydants, ceux-ci sont présents également dans de nombreux autres aliments.